lundi 19 février 2018

Interview exclusive

Père Fausto Buzzi,
Assistant du Supérieur du District Italien de la FSSPX
avec Francesco Boezi du quotidien Italien Il Giornale.



Père Fausto Buzzi, FSSPX



Entrevue conduite par : Francesco Boezi
Il Giornale

Le 14 février 2018
SOURCE : The Remnant



Note de l'éditeur : Ceci est une traduction d'une récente interview donnée par le Père Fausto Buzzi, Assistant du Supérieur du District Italie de la FSSPX à Il Giornale la semaine dernière. S'il vous plaît, priez pour notre ami et précieux traducteur de Remnant et sa famille. Micael J. Matt.


Il Giornale : Qu'est-ce qui sépare encore la communauté Saint Pie X de l'Église Catholique ?

Don Fausto Buzzi : Il est nécessaire de souligner que la Fraternité Saint Pie X n'est en aucune façon séparée de l'Église Catholique. Nous sommes unis à l'Église Catholique et nous ne nous sommes jamais séparés d'elle, malgré les divergences avec les autorités de l'Église. Nous ne sommes pas responsables de ces divergences. Mgr Lefebvre disait toujours qu'il était condamné pour ces mêmes choses dont les Papes ( surtout le Pape Pie XII ) le louaient. Rome a été celle qui a changé et, avec Vatican II, elle s'est distanciée de la Tradition séculaire de l'Église.

Il Giornale : Un jour, un curé m'a dit : « Beaucoup de gens parlent de schisme, mais ils n'ont pas la compétence théologique d'un Marcel Lefebvre ». Est-ce le cas ?

Don Fausto Buzzi : Beaucoup de gens critiquent ou condamnent la Société de Saint Pie X sans le savoir et sans comprendre les raisons sérieuses qui la placent dans une situation hostile par rapport aux autorités ecclésiastiques. Aujourd'hui, beaucoup de personnes, prêtres et laïcs, commencent à se demander ce qui se passe dans l'Église et ouvrent les yeux sur le fait que ceux qui ont été classés comme schismatiques pendant de nombreuses années sont peut-être ceux qui sont restés les plus fidèles à l’Église Catholique et, paradoxalement, les plus fidèles à la papauté. Dans nos séminaires, Mgr Lefebvre voulait que nous étudions la Somme Théologique de Saint Thomas d'Aquin et les autres œuvres classiques de théologie. Je vous assure que c'était une grande grâce pour nous de recevoir une formation aussi profonde et solide.

Il Giornale : Quelle est votre opinion sur le Pape François ?

Don Fausto Buzzi : Pour nous, le Pape François n'est ni pire ni meilleur que les autres Papes conciliaires ou postconciliaires. Il travaille dans le même atelier mis en place par Jean XXIII, celui de l'auto-démolition de l'Église Catholique pour en construire une autre conforme à l'esprit libéral du monde. J'irais même plus loin : le Pape actuel n'est pas aussi responsable que le Pape Paul VI. Ce dernier a fait le Concile, l'a conclu, et a provoqué toutes les réformes. Et tout cela est maintenant la cause de la crise très grave que nous voyons dans l'Église. Bien sûr, les actions et les paroles du Pape François semblent plus sérieuses que celles de ses prédécesseurs. Mais ce n'est pas le cas. Les médias d'aujourd'hui ont pour effet d'amplifier les choses beaucoup plus que par le passé. En substance, cependant, les actes de Paul VI sont beaucoup plus graves que ceux de François.

Il Giornale : Cependant, Bergoglio semble avoir fait des pas vers vous, n'est-ce pas ?

Don Fausto Buzzi : Il n'a certainement pas fait de démarche doctrinale à notre égard. Cependant, il nous considère comme une réalité « périphérique ». En tant que tel, nous sommes l'objet de sa bienveillance. Quand il était Cardinal à Buenos Aires, un de nos prêtres lui a donné un livre sur la vie de notre fondateur. Il l'a lu et est resté sérieusement impressionné par cela. Peut-être que cela a également contribué à sa bienveillance envers nous. Beaucoup se demandent pourquoi il n'a pas été pas aussi bienveillant envers les Franciscains de l'Immaculée qui étaient vraiment en train d'embrasser la Tradition Catholique. Au contraire, dans ce cas, au mépris de la miséricorde, il les a traités durement et avec une extrême sévérité.

Il Giornale : Beaucoup vous considèrent comme des « extrémistes » de la Foi ...

Don Fausto Buzzi : La Foi est une vertu théologale, et une vertu théologale peut augmenter infiniment parce que son objet est Dieu Lui-même. Par conséquent, il n'y a pas de limites à la Foi. En ce sens, être extrémiste serait vertueux. Cela dit, je pourrais vous citer les Paroles de Notre Seigneur quand Il a dit, par exemple : « Qui n'est pas avec Moi est contre Moi ». Ou les paroles de Saint Pierre : « Il n'y a pas d'autre nom [ Jésus-Christ ] sous le Ciel par lequel nous puissions être sauvés ». Dites-moi si ce sont des paroles « extrémistes ». Alors, si vous pensez aux martyrs qui sont morts plutôt que de trahir leur Foi, comment les jugeons-nous ? Étaient-ils des extrémistes ? Il me semble que nous perdons le sens de la Foi.

Il Giornale : Que pensez-vous du débat doctrinal autour d'Amoris Laetitia ?

Don Fausto Buzzi : Vous voyez, cette question me force à répéter ce que j'ai déjà dit. Bien que toutes les initiatives visant à corriger ce document et à défendre la famille Catholique indissoluble sanctifiée par un Sacrement soient louables, le vrai problème se trouve néanmoins ailleurs. Savez-vous où Amoris Laetitia est enraciné ? Dans l'un des documents du Concile, Gaudium et Spes. Par conséquent, comme je vous le disais plus tôt, la terrible crise dans l'Église est due à Vatican II. Vatican II est l'ADN de cette crise. Pensez-vous que nous aurions eu la catastrophique Amoris Laetitia aujourd'hui si, à la place de Gaudium et Spes, l'Encyclique Casti Conubii de Pie XI avait été publiée ? Je ne pense pas.

Il Giornale : Et qu'en est-il de la réhabilitation de Luther?

Don Fausto Buzzi : Que puis-je dire? Réhabiliter le plus grand hérétique de l'histoire qui a sécularisé toute la religion Chrétienne, qui a causé l'hémorragie de peuples entiers à l'Église, c'est à la fois un suicide doctrinal et un mensonge historique. La réhabilitation de Luther appartient à l'utopie œcuménique des cinquante dernières années, une utopie qui conduit les Catholiques à une apostasie qui n'est plus silencieuse, mais assourdissante. Je vous recommande de lire un nouveau livre sur Luther qui est sorti récemment : « The True Face of Luther » [ Le vrai visage de Luther ]. Il est écrit par un de nos prêtres, un professeur d'ecclésiologie au Séminaire d'Écone. Quand vous lisez ce livre, vous comprenez l'absurdité de cette supposée réhabilitation.

Il Giornale : Considérez-vous la réunification doctrinale entre vous et le Vatican comme possible dans le futur?

Don Fausto Buzzi : Je ne suis pas un prophète. Nous espérons que cela arrivera, en particulier pour le salut de tant d'âmes qui risquent d'être perdues pour l'éternité. Mais, si vous le permettez, je voudrais vous dire ce que nous pouvons faire aujourd'hui pour contribuer au triomphe de la Tradition dans l'Église. Nous tous — tous les Catholiques, les Évêques, les prêtres fidèles — nous devons tous retourner à la Tradition Catholique de tous les temps. Et personne ne devrait avoir peur d'avoir l'impression d'être contre les autorités de l'Église. Car, en fait, cela ne va pas à l'encontre d'eux, mais c'est au contraire le moyen le plus efficace de les aider à comprendre que nous devons retourner à la Tradition, qui est le seul et unique avenir de la Sainte Église.

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