lundi 13 juin 2016

À l'occasion des décisions importantes
qui seront prises par les 30 Supérieurs de la FSSPX ce mois-ci
s'ils acceptent ou non la dernière offre de reconnaissance de Rome


Message d'adieu de Mgr Lefebvre
à l'égard de ses successeurs



SOURCE : Ave L'Immaculée

Conférence de Mgr Lefebvre à l’issue de la retraite sacerdotale au mois de septembre 1990 à Ecône.

Elle demeure toujours d’actualité, car elle illustre bien le changement radical qui s’est opéré dans l’Eglise à l’occasion du Concile.

Vatican II a pris le contre-pied de ce que le magistère avait enseigné, notamment du combat qu’avaient mené les papes du XIX siècle et du XX siècle jusqu’à Pie XII, contre les erreurs modernes.

Après avoir rappelé une conversation téléphonique qu’il avait eue avec le cardinal Oddi qui le pressait de demander « un petit pardon au Pape », et au cours de laquelle il lui avait affirmé : « Il faut que Rome change. Ce n’est pas une question de liturgie, mais une question de foi », Monseigneur Lefebvre affirme que le combat que nous vivons aujourd’hui est toujours le même. Il y a les pro-Syllabus et ceux qui sont contre.





Conférence de Mgr Lefebvre à Ecône
le 6 septembre 1990


Le problème demeure très grave, et il ne faut surtout pas le minimiser. C’est ce qu’il faut répondre à tous les laïcs qui vous demandent si la crise va finir, s’il n’y aurait pas moyen d’avoir une autorisation pour notre liturgie, pour nos sacrements…

Certainement la question de la liturgie et des sacrements est très importante, mais plus importante encore est celle de la foi. Pour nous cette question est résolue, car nous avons la foi de toujours, celle du concile de Trente, du catéchisme de saint Pie X, de tous les conciles et de tous les papes d’avant Vatican II, en un mot la foi de l’Eglise.

Mais à Rome ? La persévérance et la pertinacité des idées fausses et des graves erreurs de Vatican II continuent. C’est clair.

Monsieur l’abbé Tam nous a envoyé des coupures de L’Osservatore Romano : des discours du Saint-Père, du cardinal Casaroli, du cardinal Ratzinger. Ce sont des documents officiels de l’Eglise dont on ne peut douter de l’authenticité, et on est stupéfait.

Ces temps-ci (puisque je suis un peu en chômage) j’ai relu le livre que vous connaissez bien, de Barbier, sur le catholicisme libéral. Il est frappant de voir que notre combat est exactement celui des grands catholiques du XIXe siècle depuis la Révolution, et le combat des papes Pie VI, Pie VII, Pie VIII. Grégoire XVI, Pie IX, Léon XIII, saint Pie X, jusqu’à Pie XII. Or en quoi se résume-t-il ? C’est Quanta Cura et le Syllabus de Pie IX, et Pascendi domini gregis de saint Pie X. Ce sont des documents sensationnels, qui d’ailleurs ont fait choc en leur temps, et qui ont opposé la doctrine du Saint-Siège devant les erreurs modernes. C’est la doctrine que l’Eglise a opposée aux erreurs qui se sont manifestées au cours de la Révolution, particulièrement dans la Déclaration de droits de l’homme.

Or c’est le même combat que nous livrons aujourd’hui : il y a les pro- Syllabus, les pro-Quanta Cura, les pro-Pascendi et il y a ceux qui sont contre. C’est tout simple.

Ceux qui sont contre ces documents adoptent les principes de la Révolution, les erreurs modernes. Ceux qui sont pour demeurent dans la vraie foi catholique.

Or, vous savez très bien que le cardinal Ratzinger a dit officiellement que pour lui Vatican II était l’anti-Syllabus. S’il s’est clairement placé contre le Syllabus, c’est donc qu’il a adopté le principe de la Révolution. D’ailleurs il l’a dit très clairement : « L’Église s’est ouverte aux doctrines qui ne sont pas nôtres mais qui viennent de la société, etc… » Tout le monde a compris : les principes de 89, les Droits de l’homme.

Nous sommes exactement dans la situation du cardinal Pie, de Mgr Freppel, de Louis Veuillot, du député Keller en Alsace, de Ketler en Allemagne, du cardinal Mermillod en Suisse, qui ont combattu le bon combat, avec la grande majorité des évêques, car à cette époque là ils avaient la chance d’avoir la grande majorité des évêques avec eux. Certes, Mgr Dupanloup et quelques évêques français à sa suite ont fait exception. De même quelques-uns, en Allemagne et en Italie, ont été ouvertement opposés au Syllabus et à Pie IX, mais ce furent plutôt des cas extraordinaires.

Il y avait cette force révolutionnaire des héritiers de la Révolution et, pour leur tendre la main, les Dupanloup, Montalembert, Lamennais…, qui ne voulaient jamais invoquer les droits de Dieu contre les droits de l’homme. « Nous demandons le droit commun » c’est-à-dire ce qui convient à tous les hommes, à toutes les religions, à tout le monde. Le droit commun, pas les droits de Dieu…

Nous nous retrouvons à présent dans la même situation, il faut ne pas se faire d’illusions : nous menons un combat très fort. Mais comme il est assuré par toute une lignée de papes, nous n’avons pas à hésiter ou à avoir peur.

Certains voudraient changer ceci ou cela, se rallier quand même à Rome, au pape… Nous le ferions, bien sur, s’ils étaient dans la Tradition, et continuaient le travail de tous les papes du XIXe siècle et de la première moitié du XXe. Mais eux-mêmes reconnaissent qu’ils ont pris une voie nouvelle, que le concile Vatican II a ouvert une nouvelle ère, et que l’Eglise parcourt une nouvelle étape.

Je pense qu’il faut inculquer cela à nos fidèles, de telle manière qu’ils se sentent solidaires de toute l’histoire de l’Eglise. Parce qu’enfin cela remonte même avant la Révolution : c’est le combat de Satan contre la Cité de Dieu. Comment cela va-t-il se résoudre ? C’est le secret de Dieu, un mystère. Mais il n’y a pas à se faire de souci, il faut avoir confiance dans la grâce du Bon Dieu.

Que nous ayons à combattre contre les idées actuellement en vogue à Rome, celles que le Pape exprime, ainsi que Ratzinger, Casaroli, Willebrands, et tant d’autres, c’est clair. Nous les combattons parce qu’ils ne font que répéter le contraire de ce que les papes ont dit et affirmé solennellement pendant un siècle et demi.

Alors il faut choisir.

C’est ce que je disais au pape Paul VI. On est bien obligé de choisir entre vous, le Concile, et vos prédécesseurs. A qui faut-il aller ? Aux prédécesseurs qui ont affirmé la doctrine de l’Eglise, ou bien suivre les nouveautés du concile Vatican II que vous avez affirmées. « Oh, il ne faut pas faire de théologie ici », m’a-t-il répondu. C’est donc clair!

Nous n’avons pas à hésiter une minute, si nous voulons ne pas nous retrouver avec ceux qui sont en train de nous trahir. Il y en a qui ont toujours envie de regarder de l’autre côté de la barrière. Ils ne regardent pas du côté des amis, de ceux qui se défendent sur le terrain même du combat, ils regardent toujours un peu du côté de l’ennemi.

Ils disent qu’il faut être charitable, avoir de bons sentiments, qu’il faut éviter les divisions. Après tout, ces gens là disent quand même la bonne messe, ils ne sont pas si mauvais qu’on le dit…

Mais ils nous trahissent. Ils donnent la main à ceux qui démolissent l’Église, à ceux qui ont des idées modernistes et libérales, pourtant condamnées par l’Eglise. Donc maintenant, ils font le travail du diable, eux qui travaillaient avec nous pour le règne de Notre Seigneur et pour le salut des âmes.

« Oh, pourvu qu’on nous accorde la bonne messe, on peut donner la main à Rome, il n’y a pas de problèmes ». Voilà comment ça marche ! Ils sont dans une impasse car on ne peut pas à la fois donner la main aux modernistes et vouloir garder la Tradition.

Qu’on ait des contacts pour les ramener à la Tradition, les convertir, à la rigueur. C’est le bon œcuménisme. Mais donner l’impression qu’on regrette presque, et qu’après tout on irait bien parler avec eux, ce n’est pas possible. Comment parler avec ceux qui maintenant nous disent que nous sommes figés comme des cadavres ? Selon eux, nous ne sommes plus la Tradition vivante, nous sommes des gens tristes, « sans vie et sans joie ». C’est à croire qu’ils n’ont jamais fait partie de la Tradition ! C’est invraisemblable. Comment voulez-vous que l’on puisse avoir des rapports avec ces gens-là?

C’est ce qui nous pose parfois des problèmes avec certains très bons laïcs, qui sont pour nous et qui ont accepté les sacres, mais qui ont comme une espèce de regret intime de ne plus être avec ceux avec lesquels ils étaient auparavant, ceux qui n’ont pas accepté les sacres et qui maintenant sont coutre nous. « C’est dommage, je voudrais bien aller les retrouver, boire un verre avec eux, leur tendre la main ». Cela c’est de la trahison, parce qu’à la moindre occasion ils partiront avec eux. Il faut savoir ce que l’on veut.

Car c’est cela qui a tué la chrétienté de l’Europe, pas seulement l’Église de France, mais aussi celle d’Allemagne, de Suisse… Ce sont les libéraux qui ont permis à la Révolution de s’installer, précisément parce qu’ils ont tendu les mains à ceux qui n’avaient pas leurs principes.

Il faut savoir si nous voulons collaborer aussi à la destruction de l’Église, à la ruine du règne social de Notre Seigneur, ou bien si nous sommes décidés à œuvrer au règne de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Tous ceux qui veulent venir avec nous, pour travailler avec nous, Deo gratias, nous les accueillons, peu importe d’où ils viennent, mais qu’ils ne nous disent pas de quitter notre chemin pour aller avec eux collaborer avec les autres. Ce n’est pas possible.

Tout au long du XIXe siècle, les catholiques se sont littéralement déchirés à propos de ce document du Syllabus, pour, contre, pour, contre…

Vous vous souvenez en particulier du comte de Chambord que l’on a critiqué d’avoir refusé la royauté pour une question de drapeau. Mais ce n’était pas tellement une question de drapeau, le comte de Chambord a refusé d’être soumis aux principes de la Révolution. Il a dit : « Je ne consentirai jamais à être le roi légitime de la Révolution ». Et il avait raison, car il aurait été plébiscité par le pays et l’Assemblée, mais à condition d’accepter le parlementarisme, c’est-à-dire les principes de la Révolution. Alois il a dit : « Non, si je dois être roi, je le serai selon mes ancêtres d’avant la Révolution ».

Il avait raison, c’est à choisir. Avec le Pape il choisissait les principes d’avant la Révolution, principes catholiques et contre-révolutionnaires. Et nous aussi nous avons choisi d’être contre-révolutionnaires, avec le Syllabus, contre les erreurs modernes, d’être dans la vérité catholique et de la défendre.

Ce combat entre l’Église et les libéraux modernistes, c’est celui du concile Vatican Il. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Et cela va très loin. Plus on analyse les documents de Vatican II et l’interprétation qu’en ont donnée les autorités de l’Eglise, plus on s’aperçoit qu’il s’agit non seulement de quelques erreurs, l’œcuménisme, la liberté religieuse, la collégialité, un certain libéralisme, mais encore d’une perversion de l’esprit. C’est toute une nouvelle philosophie, basée sur la philosophie moderne du subjectivisme. Le livre que vient de faire paraître un théologien allemand, et qui, j’espère sera traduit en français afin que vous puissiez l’avoir en mains, est très instructif de ce point de vue. Il commente la pensée du Pape, spécialement une retraite que, simple évêque, il prêcha au Vatican. Il montre bien que tout est subjectif chez le Pape. Quand on relit ensuite ses discours, on s’aperçoit bien que telle est sa pensée. Malgré les apparences, ce n’est pas catholique. La pensée que le Pape a de Dieu, de Notre Seigneur, vient du tréfonds de sa conscience et non pas d’une Révélation objective à laquelle il adhère par son intelligence. Il construit l’idée de Dieu. Il a dit dernièrement, dans un document invraisemblable, que l’idée de la Trinité n’a pu venir que très tard, parce qu’il fallait que la psychologie de l’homme intérieur puisse être capable d’arriver à la Trinité Sainte. C’est donc que l’idée de la Trinité n’est pas venue d’une révélation, mais du tréfonds de la conscience. C’est toute une autre conception de la Révélation, de la foi et de la philosophie, c’est une perversion totale. Comment sortir de là ? Je n’en sais rien En tout cas, c’est un fait.

Ce ne sont pas de petites erreurs. On se trouve devant tout un courant de philosophie qui remonte à Descartes, à Kant, à toute la lignée des philosophes modernes qui ont préparé la Révolution.

Voici quelques citations du Pape sur l’œcuménisme publiées dans L’Osservatore Romano du 2 juin 1989:

« Ma visite aux pays nordiques est une confirmation de l’intérêt de l’Église catholique dans l’œuvre de l’œcuménisme qui est de promouvoir l’unité entre tous les chrétiens. Il y a vingt-cinq ans que le concile Vatican II a insisté clairement sur l’urgence de ce défi à l’Eglise. Mes prédécesseurs ont cherché à atteindre cet objectif avec une persévérante attention à la grâce du Saint-Esprit qui est la source divine et le garant du mouvement œcuménique. Depuis le début de mon pontificat, j’ai fait de l’œcuménisme la priorité de ma sollicitude pour l’action pastorale ».

C’est clair.

Et le Pape fait sans arrêt bien d’autres discours sur l’œcuménisme parce qu’il reçoit constamment des délégations d’orthodoxes, de toutes les religions, de toutes les sectes.

Mais on peut dire que cet œcuménisme n’a pas fait faire le moindre progrès à l’Eglise. Il n’a abouti à rien, sinon à conforter les autres dans leurs erreurs, sans chercher à les convertir. Tout ce qu’on dit est un véritable charabia : la communion, l’approche, nous désirons bientôt être dans une communauté parfaite, nous espérons bien d’ici peu pouvoir communier dans les sacrements de l’unité… Et ainsi de suite. Mais ils n’avancent pas, et il est impossible qu’ils avancent jamais.

Toujours dans L’Osservatore Romano, on trouve un discours de Casaroii s’adressant à la Commission des droits de l’homme des Nations Unies :

« En répondant avec beaucoup de plaisir à l’invitation qui m’a été adressée de venir jusqu’à vous et en vous apportant les encouragements du Saint-Siège, je désire m’attarder quelque peu – et tous le comprendront – sur un aspect spécifique de la liberté fondamentale de penser et d’agir selon sa conscience, donc la liberté de religion. » (Entendre des choses comme cela dans la bouche d’un archevêque !). « Jean-Paul II n’hésitait pas à affirmer l’an passé dans un message pour la Journée mondiale de la paix, que la liberté religieuse constitue comme une pierre angulaire dans l’édifice des droits de l’homme.

L’Église catholique et son Pasteur suprême, qui a fait des droits de l’homme l’un de grands thèmes de sa prédication, n’ont pas manqué de rappeler que dans le monde fait par l’homme et pour l’homme » (dixit Casaroli !) « toute l’organisation de la société n’a de sens que dans la mesure où elle fait de la dimension humaine une préoccupation centrale. » (Dieu, on n’en parle pas, pas de dimension de Dieu dans l’homme, c’est affreux. C’est le paganisme). Alors il continue : « Tout homme et tout l’homme, voilà la préoccupation du Saint-Siège, telle est sans doute la vôtre aussi ».

Il n’y a plus qu’à tirer l’échelle ! Nous n’avons rien à faire avec ces gens-là, car nous n’avons rien de commun avec eux.

Alors notre fameux Ratzinger se trouve maintenant gêné d’avoir dit que Vatican II était un contre-Syllabus, car on le lui reproche souvent. C’est pourquoi il a trouvé une explication, qu’il a donnée le 27 juin 1990.

Vous savez que Rome a publié un document fleuve pour expliquer les relations entre le Magistère et les théologiens. Comme ils ne savent pas comment se sortir des ennuis qu’ils ont un peu partout, ils essayent de rattraper les théologiens sans trop les condamner. Il y en a des pages et des pages, c’est à s’y perdre complètement.

C’est dans la présentation de ce document que le cardinal Ratzinger délivre sa pensée sur la possibilité de pouvoir dire le contraire de ce que les papes ont toujours affirmé depuis le siècle dernier.

« Le document, dit le Cardinal, affirme peut-être pour la première fois avec cette clarté (en effet, je pense que c’est vrai), qu’il y a des décisions du Magistère qui ne peuvent être le dernier mot sur la matière en tant que telle, mais qui sont un ancrage substantiel dans le problème (le malin !) et avant tout une expression de prudence pastorale. Une espèce de disposition provisoire. (Des décisions officielles du Saint-Siège, des dispositions provisoires !) Le noyau reste stable mais les aspects particuliers sur lesquels, ont une influence les circonstances du temps, peuvent avoir besoin de rectifications ultérieures. A cet égard on peut signaler les déclarations des papes du siècle dernier sur la liberté religieuse (s’il vous plaît) comme aussi les décisions antimodernistes du début du siècle. (Il va fort !) Et surtout les décisions de la Commission biblique de la même époque » (Alors cela il ne peut pas le digérer).

Voilà trois décisions du Magistère que l’on peut mettre de côté. Cela peut changer. A cet égard on peut signaler les déclarations des papes du siècle dernier qui ont besoin de rectifications ultérieures « Les décisions antimodernistes ont rendu un grand service, mais après avoir rendu leur service pastoral en leur temps, dans leurs déterminations particulières, elles sont maintenant dépassées ». (Et voilà, on tourne la page du modernisme. C’est terminé, on n’en parle plus).

Il se dégage de l’accusation qu’on lui fait d’être contre le Syllabus, contre des décisions pontificales et le Magistère : un noyau reste (quel noyau ? on ne sait pas !) mais les aspects particuliers sur lesquels ont une influence particulière les circonstances du temps peuvent avoir besoin de rectifications ultérieures. Voilà, le tour est joué, c’est incroyable

Comment voulez-vous que l’on ait confiance en des gens comme cela, qui justifient la négation de Quanta Cura, de Pascendi, des décisions de la Commission biblique, etc…

Ou bien nous sommes les héritiers de l’Église catholique, c’est-à-dire de Quanta Cura, de Pascendi, avec tous les papes jusqu’avant le concile, et la grande majorité des évêques d’alors, pour le règne de Notre Seigneur et le salut des âmes, ou bien nous sommes les héritiers de ceux qui s’efforcent, même au prix d’une rupture avec l’Eglise et sa doctrine, d’admettre les principes des droits de l’homme, basés sur une véritable apostasie, en vue d’obtenir une présence de serviteurs dans le gouvernement mondial révolutionnaire. Car c’est cela au fond : à force de dire qu’ils sont pour les droits de l’homme, pour la liberté religieuse, la démocratie et l’égalité des hommes, ils auront une place dans le gouvernement mondial, mais ce sera une place de serviteurs.

Si je vous dis ces choses, c’est parce qu’il me semble qu’il faut raccrocher notre combat à ce qui l’a précédé. Car il n’a pas commencé avec le Concile, ce combat très dur, très pénible, dans lequel le sang a coulé. La séparation de l’Eglise et de l’Etat, les religieux et les religieuses chassés, la mainmise sur tous les biens de l’Eglise, ont constitué une véritable persécution, pas seulement chez nous mais en Suisse, en Allemagne, en Italie. C’était le moment de l’occupation des Etats pontificaux, lorsque le Pape s’est trouvé relégué dans le Vatican, en proie à des choses abominables. Alors serons-nous avec tout ce monde-là, contre la doctrine des papes, sans nous occuper des protestations qu’ils ont élevées pour défendre les droits de l’Eglise et de Notre Seigneur, pour défendre les âmes?

Je crois que nous avons vraiment une assise et une force qui ne sont pas de notre fait. Bien précisément, ce n’est pas notre combat que nous livrons, c’est celui de Notre Seigneur, continué par l’Eglise. Nous ne pouvons pas hésiter : ou bien nous sommes avec l’Eglise ou bien nous sommes contre elle, nous ne sommes pas pour cette Eglise conciliaire qui a de moins en moins de l’Eglise catholique, pratiquement plus rien.

Avant, quand le Pape parlait des droits de l’homme, il faisait souvent au début allusion aux devoirs de l’homme également. Maintenant c’est fini : tout est pour l’homme, tout par l’homme. Je voulais vous donner ces quelques considérations, pour que vous vous fortifiiez aussi, et que vous ayez conscience de continuer le combat avec la grâce du Bon Dieu.

Parce qu’il est évident que nous n’existerions plus si le Bon Dieu n’avait pas été avec nous. Il y a eu au moins quatre ou cinq occasions au cours desquelles la Fraternité aurait pu disparaître. Et, grâce à Dieu, nous sommes toujours là pour continuer. Elle devait disparaître en particulier à l’occasion des sacres, on nous l’avait tant prédit ! Tous les prophètes de malheur et même de nos proches nous disaient : « Monseigneur, ne faites jamais cela, c’est la fin de la Fraternité ». Mais non, le Bon Dieu ne veut pas que son combat se termine. C’est tout.

Ce combat a eu ses martyrs : les martyrs de la Révolution, et tous ceux qui ont été martyrisés moralement au cours de toutes les persécutions du XIXe et du XXe siècle. Saint Pie X a souffert le martyre à cause de tant d’évêques persécutés, de couvents expropriés, de religieuses chassées au-delà des frontières et tant d’autres choses. Et tout cela serait pour rien ? Ce serait un faux combat, inutile, un combat qui condamnerait les victimes et les martyrs ? Ce n’est pas possible.

Nous sommes pris dans ce courant, dans cette continuité, remercions-en le Bon Dieu. Nous sommes persécutés, c’est évident, nous sommes les seuls excommuniés, les seuls persécutés, mais nous ne pouvons pas ne pas l’être.

Alors qu’adviendra t-il ? Je ne le sais pas. Elie ? Je lisais cela encore ce matin dans l’Ecriture : « Elie reviendra et remettra tout en place », Omnia restituet. Qu’il vienne tout de suite !

Humainement parlant, je ne vois pas de possibilité d’accord actuellement. On me disait hier : « Si Rome acceptait vos évêques et que vous soyez complètement exempt de la juridiction des évêques… » D’abord ils sont bien loin d’accepter une chose comme celle-là, ensuite il faudrait qu’ils nous en fassent l’offre, et je ne pense pas qu’ils y soient prêts, car le fond de la difficulté, c’est précisément de nous donner un évêque traditionaliste. Eux ils ne voulaient qu’un évêque ayant le profil du Saint-Siège. Le « profil », vous comprenez ce que cela veut dire. Ils savaient très bien qu’en nous donnant un évêque traditionnel ils constitueraient une citadelle traditionaliste. Ils ne le voulaient pas, et ne l’ont pas plus donné aux autres. Quand les autres disent qu’ils ont signé le même protocole que nous, ce n’est pas vrai. Notre protocole prévoyait un évêque et deux membres à la Commission romaine. Or eux ils n’ont ni l’évêque, ni les membres dans la Commission romaine. Rome a enlevé cela du protocole, car elle n’en voulait à aucun prix.

Le premier novembre prochain nous fêterons les vingt ans de la Fraternité, et je suis intimement convaincu que c’est elle qui représente ce que le Bon Dieu veut pour garder et maintenir la foi, la vérité de l’Eglise, et ce qui peut encore être sauvé dans l’Eglise. Cela se fera grâce aussi aux évêques qui entourent le Supérieur général, et remplissent leur rôle indispensable de mainteneurs de la foi, en prêchant, et en donnant les grâces du sacerdoce et de la confirmation. Ce sont des choses irremplaçables, dont on a absolument besoin.

Tout cela est vraiment très consolant, et je pense que nous pouvons remercier le Bon Dieu, et œuvrer dans la persévérance, afin qu’un jour on reconnaisse ce que nous faisons. Bien que la visite du cardinal Gagnon n’ait pas donné beaucoup de résultats, elle a quand même montré que nous étions présents, et que du bien se faisait par la Fraternité. Bien qu’ils n’aient pas voulu le dire explicitement, ils sont bien obligés de reconnaître que la Fraternité représente une force spirituelle irremplaçable pour la foi, dont ils auront, j’espère, la joie et la satisfaction de se servir lorsqu’ils auront retrouvé la foi traditionnelle.

Prions la Sainte Vierge, demandons à Notre-Dame de Fatima, à tous nos pèlerinages respectifs dans tous les pays, de venir en aide à la Fraternité pour qu’elle ait beaucoup de vocations. Nous devrions avoir un peu plus de vocations, nos séminaires ne sont pas remplis. Mais je pense qu’avec la grâce de Dieu, cela viendra. Merci de m’avoir écouté. Je vous demande de prier pour que je fasse une bonne et sainte mort, parce que maintenant je n’ai plus que cela à faire.


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