vendredi 31 mars 2017

La première exigence pour le renouvellement
de l’Église à notre époque







par : Dr. Jeff Mirus ( Droit Canon)
Le 28 mars 2017

SOURCE : Catholic Culture





L'Église Catholique a souvent été appelée « l'Église où « Tout le monde peut venir ». La raison est très simple : en général, vous ne trouvez pas l'Église être représentative d'un seul groupe ethnique, d’une seule nationalité ou d’une seule classe sociale. L'appartenance à l'Église Catholique est rarement fondée à encourager les gens « comme nous » à se joindre et à décourager ceux qui sont « différents ». Mais qu'en est-il de la distinction entre ceux qui acceptent les enseignements de l'Église et ceux qui ne les acceptent pas ?

En Occident, au moins, nous sommes dans une Église qui est très réticente à rendre qui que ce soit mal à l'aise. En effet, Saint Paul a affirmé catégoriquement que ses membres ne doivent jamais rendre quiconque mal à l'aise sur la base qu’ils sont des hommes ou des femmes, des esclaves ou libres, riches ou pauvres, Juifs ou Grecs : Car nous « sommes tous un dans la communion avec Christ Jésus » (Ga 3,28). Mais dans une autre lettre Paul a exprimé une vue très différente des différentiateurs spirituels et moraux :

« Et vous faites encore les prétentieux ! Dans ma précédente lettre, je vous ai écrit de ne pas avoir de contact avec ceux qui vivent dans l'immoralité. Je ne visais pas, d'une façon générale, tous ceux qui, dans ce monde, sont immoraux, envieux, voleurs, ou adorateurs d'idoles. Sinon, vous devriez sortir du monde ! Je voulais vous dire de ne pas avoir de contact avec quelqu'un qui, tout en se donnant le nom de Chrétien, serait immoral, envieux, adorateur d'idoles, calomniateur, ivrogne ou voleur. Vous ne devez pas même partager un repas avec un tel homme. Ce n'est pas mon affaire, en effet, de juger les non-Chrétiens. Dieu les jugera. Mais ne devriez-vous pas juger les membres de votre communauté ? Il est écrit, en effet : « Chassez le méchant du milieu de vous ». [1 Co 5]

Où est cet esprit de nos jours ? Même nos dirigeants Catholiques semblent plus soucieux de faire sentir à l'aise tout le monde dans l'Église que d'insister sur un véritable engagement spirituel et moral à Jésus-Christ. Voilà pourquoi il nous est constamment dit de ne pas juger même si Saint Paul nous enjoignait fortement de faire la distinction entre le bien et le mal. Ceci est également la raison pour laquelle, dans la grande majorité des diocèses Catholiques et des paroisses, nous entendons rarement des mises en garde contre ces sortes d’immoralités qui, malgré la condamnation par le Christ, sont justifiées et même saluées par la culture dominante.

« Tous sont les bienvenus » va l'hymne. « Tous sont les bienvenus dans cet endroit ». Mais en fait ce n'est pas vrai. Seuls les pécheurs repentants sont les bienvenus. Ceux qui insistent que les enseignements de l'Église du Christ sont erronés, ceux qui appellent le mal bien et vivent en conséquence, commettent en fait une variante du « péché contre le Saint-Esprit ». Notre Seigneur a été très clair à l’effet que ce péché ne peut pas être pardonné (voir Mc 3, 28-30 ; Mt 12 : 31-32). Il a dit cela parce que les Pharisiens l'avaient accusé d’avoir fait un miracle par l'intermédiaire d'un mauvais esprit ; c’est-à-dire qu’ils ont appelé le mal bien et le bien mal. Le même péché est commis avec une régularité étonnante par ceux mêmes au sein de l'Église qui appellent mal ce que l'Église enseigne et bien ce que l'Église condamne.

La raison pour laquelle cela est un péché impardonnable est extrêmement simple : il ferme le pécheur à la grâce et lui rend impossible de se repentir et de croire à l'Évangile (Mc 1 :15). Sans repentance, il n'y a pas d'espoir.

Un jeu dangereux

Il ne peut pas être question que les membres de l'Église tendent à montrer seulement une faible opposition aux péchés qui sont endémiques dans la culture dominante d’où ils proviennent et à l’intérieur de laquelle ils sont honorés. Les Catholiques liés à leur culture sont la principale raison pour laquelle l'Église est toujours en besoin de réforme. Il en était ainsi avec la richesse du monde et le pouvoir temporel des Évêques au Moyen Âge ; et il est ainsi avec les distorsions sexuelles qui prévalent de nos jours. Pour paraphraser un article de Douglas Farrow dans le site First Things : « À un moment donné quand on est confronté à un pécheur qui refuse la correction, il est nécessaire de dire « en enfer avec accompagnement. » Ou Saint Paul l'a mis dans une autre partie du chapitre que j’ai cité plus haut : « Et la puissance de notre Seigneur Jésus se manifestera ; vous devrez alors livrer cet homme à Satan pour que son être pécheur soit détruit, mais qu'il puisse être spirituellement sauvé au jour du Seigneur ». (1 Corinthiens 5 : 4-5).

Au lieu de cela, notre pratique Catholique moderne — trop souvent encouragée même au plus haut niveau — est de « montrer de la miséricorde » en refusant de dire la vérité dans l'espoir que, si nous pouvons garder avec nous ceux qui insistent sur la réécriture de la Volonté de Dieu assez longtemps, un de deux choses va survenir : ou bien une plus grande compréhension des « idéaux » de notre Seigneur qui va en quelque sorte déteindre sur eux ou bien l'Église va éliminer le problème en changeant ses enseignements. En ces temps, malheureusement, l'Église (dans ses membres) échoue systématiquement à témoigner et elle continue à décliner — se désintégrant rapidement en se trouvant sans cesse comme la vieille expression qui dit : « Monter avec son propre pétard » (sauter avec sa propre bombe).

Quand tout le reste échoue

Quand tout le reste échoue (et tout le reste a certainement échoué), les Catholiques doivent revenir à la manière du Christ. Cela implique trois distinctions fondamentales que l’Église néglige toujours à ses propres risques et périls. Nous devons :

  • Établir une distinction entre les pécheurs qui tombent brusquement et les pécheurs qui refusent de se tenir debout. Les premiers, bien qu’ils soient pécheurs, représentent la substance même dont l'Église est faite. Ils acceptent ce que l'Église enseigne, essaient de grandir plus ou moins de façon continue dans l'obéissance à la Volonté de Dieu et peuvent bénéficier énormément de leur appartenance à l'Église. Cependant, les seconds ne parviennent pas à accepter les enseignements de l’Église et refusent d'obéir, ils ne peuvent donc pas en tirer bénéfice du tout.

  • Reconnaître la différence entre accueillir le repenti et accueillir le non-repenti. Offrir le rédemption en accueillant le repenti est la mission du Christ et de Son Église. Accueillir ceux qui refusent d'admettre leur besoin de pardon mine invariablement cette mission car on se moque ainsi de la Parole de Dieu.

  • Comprendre le fossé qui sépare la Charité de la « gentillesse ». Être charitable — c’est-à-dire aimer — c’est de vouloir le bien d'un autre ; ça exige que nous connaissions la vérité afin que nous puissions aider les autres à abandonner tous les produits contrefaits fortement à rabais, ce qui leur permet de devenir des pécheurs repentants. Être « gentil », c’est simplement rendre les autres à l'aise, ce qui est si souvent, pour nous tous, le contraire exact de ce que nous avons besoin.

La Charité est enracinée dans le courage ; la « gentillesse » dans la lâcheté. La Charité offre le don sublime et pourtant aussi un défi intimidant de la miséricorde, à savoir l'acceptation de ce qui demande la contrition. Mais la « gentillesse » détruit la miséricorde en se confondant avec le confort du monde. Elle érode notre amour du Christ en le redéfinissant comme étant plus comme nous — et croyez-moi, nous sommes beaucoup moins aimables. Nous devons permettre à notre oui d’être oui et à notre non d’être non (Jas 5 :12). C’est seulement le tiède qui fait de son oui être un non et de son non être un oui selon que la commodité le dicte. Ceci est la réforme que l'Église a besoin dans notre temps ; et elle en a besoin désespérément.

C’est Saint Pierre qui a mis en garde concernant les « faux prophètes » à la fin du deuxième chapitre de sa deuxième lettre de grande finale. « Ils promettent la liberté » écrivait-il, « mais ils sont eux-mêmes esclaves de la corruption ». Puis il a dit : « Il leur est arrivé ce que le vrai proverbe dit : « Le chien se retourne à ce qu’il a vomi et le cochon, à peine lavé, va de nouveau se rouler dans la boue ». Ce refus de demander le désir de transformation dans le Christ ne peut pas continuer à être le chemin de l'Église à notre époque. Ses membres doivent réapprendre à exclure ceux qui refusent la miséricorde de peur qu'ils ne fassent un bourbier de l'Évangile polluant l'œuvre de Dieu à sa source.

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