mardi 17 janvier 2017

Prendre sa Croix...
Ça vous dit encore quelque chose ?

Les cas extrêmes font de mauvaises lois :
Une réponse à Austen Ivereigh sur Amoris Laetitia



Écrit par Anonyme...
Représailles possibles...
Quelle Église Stalinienne !


Le 6 janvier 2017
SOURCE : One Peter Five







L'article suivant qui a été accueilli par l’éditorialiste du site One Peter Five a été rédigé par un lecteur qui travaille au Bureau du Mariage et de la Vie de Famille d'un diocèse Américain. Avec les représailles déjà prises contre plusieurs des signataires des censures théologiques concernant Amoris Laetitia, nous avons accepté de publier cet essai anonymement.




J'aimerais tout d'abord remercier Austen Ivereigh qui, dans sa chronique du 30 décembre 2016 sur le site Crux (Critiques sur « Amoris Laetitia »), a examiné des cas concrets et qui a touché — bien que sans le vouloir — le cœur de ce débat. Les exemples concrets qu'il propose sont en effet des cas extrêmement difficiles, exceptionnellement rares, qui troublent la conscience de tous ceux qui prennent part à cette discussion. Beaucoup de gens connaissent quelqu'un qui a été abandonné injustement par un conjoint n’ayant commis aucune faute réelle de sa part, les exposant à une grande détresse économique, sociale et psychologique. Certains observateurs enthousiastes et participants à ce débat sont en fait exactement ces personnes. Tout le monde désire trouver une justification et un accomplissement durable pour eux. Ils souffrent certainement et Jésus ne manque pas de s'approcher d'eux dans leur souffrance.

La pensée d'un conjoint abandonné qui ramasse les morceaux de leur vie matrimoniale et qui va de l’avant pour trouver un nouveau compagnon apporte naturellement un soulagement à ceux qui regardent de l'extérieur, en particulier si des enfants sont sous la garde de l'époux (se) abandonné (e). Espérons que ce nouveau conjoint démontrera toute la fidélité, l'affection et le don de soi pour le conjoint abandonné que son mari (ou épouse) infidèle n'a pas fourni. Les images d'une famille toute renouvelée, guérie et heureuse apportent du réconfort. Il naît alors le désir envers cette nouvelle famille qu’elle participe pleinement à la vie de l'Église et qu’elle fasse reconnaître la nouvelle union comme un mariage valide.

Parfois, cependant, le conjoint abandonné est confronté au scénario tragique d'être incapable d'obtenir une nullité en raison d'un manque de témoins ou d'une traînée de papiers introuvables. Encore plus rarement, peut-être qu'il avait tous ses arguments bien alignés et le tribunal ecclésiastique n'a pas trouvé l'affaire assez convaincante pour déclarer le précédent mariage nul. C'est une réalité amère pour certaines personnes.

Laissant de côté les facteurs juridiques, quand on pose la question ultime : « Jésus sourirait-il à une nouvelle union comme celle-ci ? » La réaction viscérale semblerait être « bien sûr ! » Dans quel monde bizarre le Dieu de la miséricorde, de la proximité, des marginalisés, des abandonnés, des lésés, n’approuverait-il pas une telle union ? Qu'est-ce que Jésus pourrait avoir contre un tel exemple classique d'êtres humains sortant des conséquences écrasantes du péché et de la trahison ?

Ce sont là les sentiments que j'ose dire qui guident le processus de réflexion de Ivereigh sur cette question. Ce sont des sentiments parfaitement raisonnables et compatissants. Je ne crois pas qu'ils proviennent d'une haine viscérale envers les théologiens « conservateurs » ou d'un désir maniaque de modifier radicalement le cours du cheminement de l'Église dans l'histoire.

Ces sentiments conduisent Ivereigh à prétendre que le mot « adultère » ne correspond tout simplement pas aux relations sexuelles entre le conjoint abandonné susmentionné et son nouveau conjoint. C'est compréhensible. Pour la plupart, l'adultère signifie des relations enracinées dans l'irresponsabilité, la convoitise, l'égoïsme, l'infidélité et la recherche du plaisir. Il serait peu charitable et illogique de croire que ce sont là les facteurs de motivation dans l'union sexuelle des deux personnes en question. Leurs relations semblent être celles d'autres couples mariés enracinés dans la stabilité, le don de soi et le désir d'affirmer leur amour.

Cela ne ressemble pas à de l'adultère. J'ai compris.

Lorsque l'Église a traditionnellement fait la demande à deux telles personnes de renoncer à leurs relations sexuelles en raison de l'irrégularité de leur lien, ça en a frappé plusieurs comme étant une recommandation draconienne, aveugle à la réalité des couples qui ont depuis longtemps laissé derrière eux « les conjoints » avec qui ils n’avaient jamais vraiment eu quelque chose de proche ensemble par rapport à ce qu'ils vivent maintenant.

Ces théologiens et ces hiérarques ne peuvent-ils pas voir que ce n'est pas de l'adultère ? Ne peuvent-ils pas voir que c'est de l'amour authentique ?

Bien que convaincant, tout cela échappe au noeud central de tout le débat : à savoir que l'enseignement constant de l'Église est à l’effet que deux personnes peuvent former un lien indissoluble du mariage qui prévaut jusqu'à ce que l'un d'eux meurt — simplement en se disant ces paroles l’un à l’autre sur une durée d’environ 45 secondes. Ici, je me réfère, bien sûr, aux Vœux du Mariage qui sont prononcés.

Au fond, ce n'est pas une question de droit canonique.

À maintes reprises, ceux du côté de l'argument de Ivereigh ont exprimé toute la question en termes de ceux qui sont ouverts à appliquer la loi avec compassion sur une base de cas par cas versus ceux qui sont légalement « rigides ». Je comprends que les auteurs des dubia se laissent ouverts à une telle perspective en raison de l'utilisation de l'expression « plus uxorio ». Il semble que l'intérêt soit précisément de « défendre la loi » à tout prix, tant pis pour les situations personnelles concrètes.

Cela rate le point.

Certes, l'argument canonique est vital de son propre droit pour la vie de l'Église. Cependant, le droit canonique existe pour protéger des réalités théologiques plus profondes et plus fondamentales. Dans ce débat, tous les canons en question concernent l'intégrité du Mariage comme étant un Sacrement et un lien indissoluble, la Sainteté de l'Eucharistie et la nécessité de respecter les Commandements de Dieu Lui-même pour obtenir le salut éternel.

Tant que François parle de la victoire de la miséricorde, de la tendresse et de la compassion sur une mentalité légaliste et rigide, ce n'est pas ce qui l'amène à conclure que certaines personnes vivant « more uxorio » peuvent avoir recours aux Sacrements. Il sait aussi bien plus que quiconque dans l'Église qu'une personne qui a des relations sexuelles avec une personne qui n'est pas son conjoint réel commet objectivement l'adultère. Il n'y a pas moyen de contourner ce fait. Ce qui constitue l'adultère, quelles que soient les motivations intérieures, est aveuglément évident : à savoir des relations sexuelles en dehors du contexte d'un Mariage Sacramentel valide. C'est la raison pour laquelle le langage des états « objectifs » de péché mortel ne peut pas être écarté du débat malgré toutes les circonstances atténuantes attachées à un manque de culpabilité subjective.

Comment donc François fait-il la paix avec la possibilité de ceux qui n'ont pas de nullités déclarées dans un « remariage », des adultères objectifs, recevant les Sacrements ? C'est simple : François croit que la majorité écrasante de ce que nous appelons les mariages dans l'Église sont en fait nuls. Frauduleux. Déficients. Pas vrais. Sans fondement. Son commentaire original (inédit par le Vatican Press Office) le 17 juin à Rome est la Pierre de Rosette à toute cette épreuve :

« Nous vivons dans une culture provisoire ... et c'est pourquoi la grande majorité de nos mariages sacramentels sont nuls. Parce qu'ils disent « oui, pour le reste de ma vie ! », mais ils ne savent pas ce qu'ils disent. Parce qu'ils ont une culture différente. Ils le disent, ils ont de la bonne volonté, mais ils ne savent pas ... Ils ne savent pas que c'est indissoluble, ils ne savent pas que c'est pour toute votre vie. C'est dur… »

« Ils préfèrent cohabiter, et c'est un défi, une tâche. Il ne faut pas leur demander : « Pourquoi ne pas vous marier ? » Non, il faut les accompagner, attendre et les aider à mûrir, les aider à mûrir dans la fidélité. J'ai vu beaucoup de fidélité dans ces cohabitations et je suis sûr que c'est un vrai mariage, ils ont la grâce d'un vrai mariage à cause de leur fidélité mais il y a des superstitions locales, etc ... »

François est en paix avec ceux qui, étant « more uxorio », reçoivent l'Absolution et la Communion parce qu'il est convaincu qu'il y a une très bonne chance que le mariage original n'était pas un vrai mariage du tout. Même si le for externe ne peut pas le déclarer nul pour une raison ou une autre, François a confiance dans le for interne pour combler le manque et aller au fond des choses. La conscience d'un individu s’élève au rang de juge ecclésiastique et le prêtre accompagnateur s’élève à la position de l'Ordinaire local. L'époux abandonné, son nouveau conjoint et un prêtre peuvent discerner avec le temps que le mariage original n'a jamais existé et que même si un mariage sacramentel réel n'est pas possible en raison de la nullité manquante, leur union, bien que ce soit un mariage civil, est un vrai mariage et leurs rapports sexuels sont essentiellement les mêmes que ceux entre époux dans un mariage valide reconnu par l'Église. La deuxième partie de la remarque de François du 17 juin, met en évidence la possibilité de cohabitation avec une fidélité éprouvée (l'hypothétique cas difficile en question) comme étant un mariage réel qui est une source de la grâce de Dieu.

Tout cela dément une méfiance fondamentale dans la capacité d'un homme et d'une femme dans la culture d'aujourd'hui à se tenir à l'autel et à entrer dans un mariage par l'échange prononcé de vœux. François n'est pas seul à être de son avis. Le bien connu promoteur de la théologie du corps, Christopher West, a exprimé son accord fondamental avec le Pape basé sur ses expériences en tant que Directeur Archidiocésain à la Préparation au Mariage. Il y en a certainement beaucoup au sein de l'Église qui diraient que la présomption canonique d'un mariage qui est reconnu valide lorsqu’un processus de nullité commence devrait être renversée à une présomption d'invalidité dès le départ du processus d’examen de la nullité. C'est un grand désordre dans tout ça et il n'y a aucune raison de punir quelqu'un en les abstenant de communier quand la grande majorité des « mariages » ne sont pas en fait des mariages du tout. Même si le processus des nullités a dévié à quelque part, les statistiques indiquent que le demandeur (demanderesse) est probablement juste dans sa conviction que son mariage n'était pas un vrai mariage en premier lieu.

Qu'en est-il alors ? Nous espérons que l'on peut maintenant voir que nous sommes bien au-delà des domaines de « l'application de la loi » ou de « la défense de la loi ». Nous touchons à la question fondamentale de savoir si l'Église ne peut jamais savoir si deux personnes sont vraiment mariées. Si nous voulons qu'il y ait un Mariage sacramentel indissoluble et que nous voulions qu'il soit accessible à tous les types de Catholiques, alors nous devons compter sur la prémisse que deux personnes peuvent créer ce Sacrement en prononçant des vœux en public dans un cas spécifique. Si nous voulons maintenir l'intégrité du Sacrement, nous devons avoir des tribunaux du Mariage qui examinent attentivement les unions brisées et qui discernent les mariages simulés où les personnes ne se sont vraiment pas données leur vie en toute liberté l’une à l’autre par rapport aux vrais mariages où les gens ont réellement fait ce qu'ils voulaient et se sont données leur vie l'une à l'autre et au Seigneur dans l’amour.

Ce qui est impossible, cependant, est de déléguer ces déterminations au domaine du for interne. C’est tout juste de la compétence d'un tribunal ecclésiastique tiers de faire une déclaration aussi lourde que « ça n'a jamais été un véritable Mariage ». C’est loin de la compétence de la conscience d'un conjoint (ou d'un confesseur) de faire une telle détermination même si elle est bien intentionnée.

Pour être aussi intellectuellement honnête que possible, j'accorderai que peut-être que notre hypothétique femme abandonnée est bien correcte. En réalité, il n'y a jamais eu de véritable mariage en premier lieu. J'imagine qu'il y a des situations réelles où cela est vrai et pour une raison quelconque, ça ne sera jamais déclaré comme tel par un tribunal. Est-ce que ses rapports sexuels avec le nouveau conjoint constituent encore de l'adultère dans le sens moral et non pas simplement dans le droit ?

La réponse est oui. Pour la raison évidente et simple qu'en tant que Catholique, la seule façon que cette femme peut entrer dans un vrai mariage sacramentel, c’est par une cérémonie de mariage Catholique avec l'échange du consentement en public. Sans nullité, cela est évidemment impossible. Sans le Sacrement valide, elle et son nouveau conjoint cohabiteront toujours dans un mariage civil et non pas comme de vrais conjoints. Les relations sexuelles avec quelqu'un qui n'est pas son vrai conjoint sont toujours adultères. Point final. Sa situation est en effet tragique si tous ces facteurs sont vrais. Mais la logique de l'Évangile dicte qu'elle devrait accepter cette situation et renoncer courageusement aux relations sexuelles avec son nouveau compagnon comme étant un acte de prendre sa Croix dans le mystère de la souffrance.

Dans l'Eschaton [ L'eschaton est l'objet d'étude de l'eschatologie, c'est-à-dire la destinée finale du monde, la fin de toutes choses. ], nous allons comprendre tout cela. Nous discernerons clairement entre le réel et l'irréel, le vrai et le faux, le valide et l'invalide. Cependant, nous devons prendre l'avertissement de Jésus dans Matthieu 18.6 ( voir à la fin ) très sérieusement et comprendre que le rôle du prêtre, du tribunal et même du Pape lui-même est de défendre l'indissolubilité du Mariage et d'accompagner les fidèles dans leur pèlerinage pour rejeter le péché et revêtir le Christ. Une telle tâche est ingrate aux yeux du monde, mais d'une valeur infinie dans notre désir de nous conformer plus parfaitement à celui qui est prêt à tout sacrifier par amour.

Si Ivereigh (et ceux qui sont d'accord avec sa position) veulent que les relations sexuelles de cette femme hypothétique ne soit pas « moralement » adultères, il n'y a qu'un seul chemin : le Mariage indissoluble et Sacramentel avec son nouveau compagnon. Si l'on ne peut pas offrir cela comme possibilité et quand même proposer que ses relations sexuelles puissent coexister avec la Sainte Eucharistie, on se tient manifestement, objectivement, légalement et moralement en dehors de l'enseignement de Jésus-Christ dans l'Évangile.



Matthieu18 6 « Celui qui fait tomber dans le péché un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attache au cou une grosse pierre et qu'on le noie au fond de la mer.

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