dimanche 28 février 2016

VATICAN
Approche révolutionnaire...

pour que le monde fasse ce qu'il veut...
Mais la Doctrine est toujours respectée...



Affirmons la Doctrine, trouvons des exceptions, appelons-en à la conscience

Est-ce le modus operandi du Pontificat pour l'introduction d'innovations pastorales controversées ?



par Edward Pentin
SOURCE : National Catholic Register

Blase Cupich, Archevêque de Chicago parlant aux journalistes pendant le Synode d’octobre dernier sur la famille. L'Archevêque semblait placer l'importance de la conscience au-dessus de l'enseignement de l'Église.

La controverse sur le cas exceptionnel d'administration de contraceptifs aux religieuses exposées au grave risque de viol pendant la guerre civile au Congo dans les années 60 nous indique une façon de faire de ce Pontificat quand il veut introduire de nouvelles ou d’exceptionnelles approches pastorales qui donnent la primauté à la conscience tout en prétendant dans le même temps affirmer la Doctrine de l'Église.

C’est une approche qui pourrait être utilisée pour promouvoir de nouvelles pratiques pastorales dans la très attendue Exhortation Apostolique post-synodale du Saint-Père prévue avant Pâques.

Sur l’avion de retour du Mexique la semaine dernière, François a souligné que l'avortement est « un crime, un mal absolu », mais il a continué en expliquant que le « moindre mal » — c’est-à-dire éviter la grossesse — « n’est pas un mal absolu ».

Puis il en a ensuite référer à la façon dont « Paul VI — le Grand ! — dans une situation difficile, en Afrique, a permis aux religieuses d'utiliser la contraception dans les cas de violence ».

Il avait à l'esprit trois théologiens moraux qui ont émis leurs points de vue dans un article de 1961 dans la revue bien respectée Opus Dei « Studi Cattolici », des points de vue qui étaient tous, à des degrés divers en faveur de l'administration de contraceptifs aux religieuses devant le risque grave de viol au cours de la guerre déchaînée du Congo .

Dans les commentaires à l'édition italienne de Radio Vatican deux jours plus tard, le porte-parole du Vatican, le Père Federico Lombardi, réitérait également la ferme condamnation par le Pape de l'avortement. Puis il affirma que, en ce qui concerne la référence faite par le Pape à la contraception, la question peut être laissée au « discernement de la conscience » en cas d’« urgence spéciale et de gravité ».

Il a dit que l'exemple de Paul VI de donner « l'autorisation d'utiliser la pilule » pour les sœurs religieuses « qui étaient devant un risque continu de la plus grave violence de la part des rebelles au Congo », il a précisé clairement que ce n’était « pas une situation normale dans laquelle cela avait a été pris en considération ».

Mis à part les problèmes moraux posés en présentant le cas dans ce contexte, il n'y a aucune trace relative à la permission de Paul VI concernant cette exception qui fut d'abord soulevée pendant le Pontificat de Saint Jean XXIII. Elle n'a pas été mentionnée non plus dans Humanae Vitae, indiquant ainsi que Paul VI a considéré un tel cas comme incompatible avec l'Encyclique de 1968.

Et malgré le cas du Congo passant par le Saint-Siège (maintenant la Congrégation pour la Doctrine de la Foi), il semble n’y avoir aucun document magistériel ultérieur confirmant la légitimité d'une telle exception. Le Vatican n'a pas répondu à une demande de la part du National Catholic Register pour l’obtention de document magistériel existant qui affirmerait cette exception au Congo.

Les questions autour de la nature officielle de l'affaire mises de côté, l'approche que le Pape et le Père Lombardi ont pris sur cette question pointe sur une façon de faire ( note : ou une méthode ou un modèle) qui fait flotter des innovations controversées pastorales dont les critiques disent qu’elles sont en conflit avec l'enseignement de l'Église, en soulignant fermement un élément de la Doctrine et, ensuite, en présentant des cas d’exception et, enfin, en soulignant la primauté de la conscience.

Dans ce cas le plus récent, le mal de l'avortement a été souligné d'abord, puis suivi par le « moindre mal » de la grossesse à éviter que le Père Lombardi confirmera plus tard comme étant l'utilisation des contraceptifs avant de dire que ça devrait être laissé au « discernement de la conscience » dans les cas d '«urgence particulière et de gravité ».

D'autres exemples de cette approche comprennent les commentaires du Pape aux Luthériens de Rome l'an dernier. Le Pape a souligné qu’il y a seulement « une seule foi, un seul baptême, un seul Seigneur » avant de dire à une femme Luthérienne mariée à un Catholique que l’intercommunion (note : i.e. que la Luthérienne puisse communier à une messe Catholique ) « est un problème auquel chaque personne doit répondre » et qu'elle devrait « parler avec le Seigneur et aller de l’avant ».

La même tendance a été observée dans le rapport final du Synode de l'an dernier sur la Famille : le ferme enseignement de Pape Jean-Paul II qui nie la communion aux divorcés remariés civilement a été réaffirmé (bien que certains passages cruciaux ont été omis), avant qu’on y souligne ensuite l'importance du « for interne » — en d'autres termes, la formation de la conscience avec un prêtre — afin d’en venir à un « jugement correct sur ce qui entrave la possibilité d'une plus grande participation à la vie de l'Eglise ». Certains critiques, notamment le Cardinal Raymond Burke a affirmé que les dits paragraphes pertinents manquaient de clarté. D'autres, incluant le Cardinal Walter Kasper, ont déclaré que le document « ouvraient la porte » à la Communion pour les divorcés remariés.

Souligner l'importance de la Doctrine et affirmer qu'elle ne sera pas modifiée fut un constant refrain populaire parmi les organisateurs du Synode mais aussi l'accent fut mis sur la conscience qui est devenue la question la plus controversée dans le projet de document final de la réunion. Blase Cupich, Archevêque de Chicago, a été l'un des plus importants des Pères Synodaux à souligner la primauté de la conscience pour les homosexuels divorcés et les divorcés remariés civilement au cours du Synode. Et ceci est en dépit des Papes du passé qui ont fait valoir que la conscience ne devrait pas être la seule ni même la plus importante catégorie pour la Doctrine morale.

En parlant aux journalistes sur le chemin du retour du Mexique, le Pape a peut-être mal compris le contexte de l'affaire du Congo et il l’a appliqué à tort au virus Zika où ça ne correspond pas vraiment.

Mais il semble également que des références passées à l'affaire du Congo au cours des dernières décennies aient également été utilisées par les opposants à l'enseignement d'Humanae Vitae.

Écrivant en 1993 dans le journal Trentagiorni aujourd'hui disparu, Gianni Valente, son ancien rédacteur en chef et maintenant l'un des plus proches conseillers de François en matière de mass média, a écrit que l'affaire Congo était devenue l'un des « arguments de bataille pour ceux qui préconisent l'abandon de la position Catholique traditionnelle telle que stipulée dans Humanae Vitae. L'extrait est cité dans le livre d'Andrea Tornielli 2014 : Paul VI : Le Pape de François.

« Les arguments utilisés dans le cas extrême ont été immédiatement étendus à d'autres situations, » écrit Valente « et, dans chaque cas, ces arguments ont permis de commencer l'attaque sur le principe de base de la négativité intrinsèque de la pratique contraceptive ».

Le Pape peut avoir eu ou non connaissance de cette tentative de trouver ce qu’il considérait comme une solution pastorale compatissante. Mais quelle que soit la trame de fond pour soulever le cas, sa présentation est devenue familière : affirmer la Doctrine, puis mettre en exergue des cas extraordinaires ou des exceptions à la règle et, si possible, faire appel à la primauté de la conscience.

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