mardi 13 octobre 2015

Jusqu'où la stratégie du bord de l’abîme des Réformateurs mènera l'Église :

au bord ou dedans ?





Le Synode de Son and de Furie
Écrit par John Fisher

SOURCE :
The Remnant

J’ai presque perdu le goût de l’inquiétude.
Il fut un temps où mes sens se seraient glacés
au moindre cri nocturne, où mes cheveux,
à un récit lugubre, se seraient dressés et agités
comme s’ils étaient vivants. Je me suis gorgé d’horreurs.
L’épouvante, familière à mes meurtrières pensées,
ne peut plus me faire tressaillir.

Macbeth, Acte V, Scène V

Serait-il possible que le Synode sur la Famille soit finalement dévoilé comme une histoire racontée par un idiot avec plein de bruit et de fureur mais qui ne signifie rien ? La réponse est : oui et non. La raison derrière le « Oui » est à l’effet que les Fidèles eux-mêmes n’ont pas été lents ou calmes à exprimer leur mécontentement au cours des deux dernières années et les Évêques ont peut-être reçu et tenu compte de leur message pour une raison ou une autre.

Cependant, la raison pour le « Non » est à l’effet que les forces dans la hiérarchie peuvent être à l'œuvre dans un effort visant à façonner les procédures et les résultats du Synode de façon à ce que ça donne apparence que c’est la majorité des Évêques qui supporte les changements souhaités en fin de compte par le Saint-Père.

Si les premières déclarations qui ont sorti de Rome de la part des grands Cardinaux ne semblent révéler quoi que ce soit, c’est que, malgré tout le contraire jusqu'ici, la majorité des Évêques ont l'intention de protéger la Doctrine de l'Église de toute menace du changement proposé.

Bien sûr, et en particulier pendant le Pontificat de François, les paroles et les actions ne sont pas nécessairement en harmonie, et toute déclaration prévisionnelle doit être nuancée. Cela étant dit, au moins, il semble que la Doctrine ne changera pas en raison de la volonté de la majorité des Pères Synodaux eux-mêmes.

Ce que François choisira de faire par après et comment il choisira de tenter de caractériser ce que les Pères Synodaux ont dit est totalement sujet à débat. Mais, sans le soutien des Pères Synodaux — ou mieux dit, en face de la marée inversée de l'opinion Synodale — il est peu probable que François va monter au degré de réforme qu’il aurait sans doute recherché auparavant. La résistance à ses plans a été si forte. Cependant, François, l'humble prêtre, semble avoir une forte volonté propre.

Bien que le Pape et les Évêques avec lui peuvent faire plus ou moins comme ils le souhaitent en matière de droit canonique, ils ne peuvent pas changer ou contester la Loi Divine ou la Tradition établie. A présent, après presque deux ans de gavage Synodal, nous connaissons tous les arguments bien établis justifiant le refus d'admission aux Sacrements pour les personnes dans le péché grave, y compris tous ceux qui participent activement à des activités sexuelles impénitentes en dehors du contexte du mariage, y compris les adultères, les homosexuels et les hétérosexuels tout aussi bien.

Compte tenu de la Tradition du Magistère de l'Église sur cette question, qui est basée sur les paroles explicites de Saint-Paul et du Christ, si des changements explicites devaient être faits à l'Enseignement ou à la Pastorale pérenne, les Fidèles devraient logiquement concéder que la Doctrine Catholique peut et, aussi, change.

Dans ces circonstances, un Catholique raisonnable et rationnel serait confronté devant un choix très difficile résultant dans une seule des trois possibilités suivantes : 1) Suivre la hiérarchie dans un double rejet explicite de la Parole du Christ et de Saint Paul ainsi que de la Doctrine bien établie de l'Église ; 2) ou reconnaître que la hiérarchie est dans l'erreur et résister à l'intérieur de l'Église ; 3) ou concéder tout simplement que l'ensemble du régime Catholique a prouvé lui-même être une incohérence interne et non digne de foi.

Après tout, si la hiérarchie tente d'établir que ses paroles sont plus importantes que les Paroles du Christ et de Saint Paul, alors quiconque suit la hiérarchie suit une religion de l'homme et non de Dieu. Le Catholicisme n’apparaîtrait alors n’être rien de plus qu'une forme de système de croyance séculaire dans lequel les prêtres font tout selon leurs propres termes et selon leurs besoins propres. Le Mysticisme, la Sainteté et la Loi de Dieu auraient été arrachés du Cœur du Corps du Christ. Si la hiérarchie admet qu'elle a commis une erreur auparavant dans la mesure où elle aurait mal interprété les Paroles du Christ et de Saint Paul, alors la Doctrine serait sujette à l'erreur et qu’est-ce qui garantit qu’une nouvelle Doctrine serait plus correcte que la vieille Doctrine ? Qu’est-ce qui garantirait la vérité de quelque doctrine que la hiérarchie enseignerait surtout si la hiérarchie peut avoir mal interprété et mal appliqué la Loi Divine depuis des millénaires ? Tout se disloque et le centre ne peut pas tenir, comme WB Yeats dirait.

De même, le changement dans la Pastorale en tant qu’acte de « miséricorde » serait tout aussi inutile. Les Fidèles ne sont plus si crédules pour croire que la Pastorale peut effectivement être séparée de la Doctrine sans faire de graves écorchures à la Doctrine et, finalement, l'éroder complètement. Dans ce contexte, le fait d'accorder la miséricorde et le pardon sans repentance ferait un double préjudice à la vérité : il scandaliserait les croyants en récompensant les infidèles dans leur violation de la Doctrine. Toute société avec de telles règles sens dessus dessous, même l'Église, n’est pas destinée à rester intégrée longtemps, surtout quand ses règles sont en contradiction avec la Volonté de Dieu Lui-même, dans la Pastorale.

Grâce à des publications telles que The Remnant et Rorate Caeli, les Fidèles ont communiqué les uns avec les autres, s’éduquant mutuellement et télégraphiant à la hiérarchie leur mécontentement. En outre, les Évêques, qui sont plus près des gens que de la Papauté —du moins cette papauté — ont entendu sans aucun doute les fortes protestations des Fidèles de leurs diocèses et tout Évêque raisonnable devrait être concerné. Du moins, sur la base des premières déclarations de Rome, voilà ce qui semble s'être passé.

Oubliant un instant les conséquences spirituelles terribles attachées à un Évêque qui égarerait son troupeau, en termes simplement positivistes, même un Évêque hérétique craindrait sans doute l'abandon de ses Fidèles tout comme la situation avec les Évêques Allemands le démontre paradoxalement. Dans leur situation, cependant, leurs points de vue hétérodoxes ont causé le fait qu’ils ont confondu la cause avec l’effet : le fait de ne pas se conformer à la Doctrine a causé l’abandon des Fidèles, ce n'est pas d’avoir adhéré à la Doctrine qui a fait cela. Ainsi, en changeant la Doctrine ne fera que renforcer le problème. La seule solution est de rappeler la Doctrine et de la mettre en œuvre. Mais l’état de la question est le suivant : ils perdent de l'argent par une renonciation des contribuables qui ne se disent plus catholiques et les Évêques Allemands souhaiteraient sans doute régler cette situation si ce n’était seulement que pour des raisons matérialistes.

Pour être juste, beaucoup d'autres Évêques bons et saints ont également fait de leur mieux pour se concentrer sur la nécessité de développer une nouvelle compréhension de l'importance de la Doctrine. Bien sûr, les Africains, les Cardinaux Pell et Burke, et Mgr Schneider viennent à l'esprit.

En outre, de nombreux scandales récents ont rendu les bergers eux-mêmes un peu penauds. Les changements récents et très médiatisés aux procédures Synodales ainsi que les rapports à l’effet qu’un Synode parallèle de Jésuites ont déjà commencé à travailler dans l’ombre sur la rédaction d'un document post-Synodal ont tous deux vexé plus que quelques-uns des Évêques à Rome en ce moment. Cette stérilisation préventive inouïe alléguée de la collégialité due aux Princes de l'Église aurait sans aucun doute pu être considérée comme étant une grande insulte. Est-ce que le Synode n’est rien plus qu'une sorte bizarre de théâtre Kabuki, très stylisé mais vide de sens et de valeur ?

En effet, nous avons été informés que treize Cardinaux ont écrit à François pour se plaindre de leur crainte que les procédures du Synode sont truquées de manière à façonner la perception de son résultat. Ces Cardinaux, il semblerait, craignent que le Synode soit vidé de son rôle consultatif et qu’il soit utilisé à la place, par manipulation, comme un simple grossier tampon automatique. En réponse à la lettre des Cardinaux, François a pris la mesure extraordinaire de prendre la parole au Synode mardi et a dénoncé ce qu'il a appelé la « herméneutique de la conspiration » comme étant sans fondement et inutile. Ou bien sa position ou celle des treize Cardinaux est correcte, seul le temps dira.

En outre, le « coming-out » ( note : sortie publique de l’affirmation d’une personne qui est « gay » ) du prêtre Krzystof Charamasa, un professeur de théologie et membre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi peut bien avoir l'effet inverse. Malgré son vœu de chasteté, Charamasa dit qu'il est fier d’être un homosexuel actif dans une relation engagée et, paraît-il, il sent tout de même qu’il a le droit d'être un prêtre. Ses revendications ont ébranlé les Fidèles encore une fois. Est-il possible que le désir de se débarrasser du vœu de célibat sacerdotal, de la morale de la chasteté et du péché grave des rencontres homosexuelles sacerdotales est ce qui est réellement derrière ce Synode ? Maintenant, les très prisées innovations doctrinales sur la sexualité — au détriment de la famille —pourraient facilement être vues par les Fidèles comme étant pour le bénéfice de la satisfaction des instincts de plusieurs au sein de la hiérarchie elle-même. Dans toutes les circonstances, si ceux qui cherchent la miséricorde le font dans le but de se la donner à eux-mêmes, quelle crédibilité impartiale leur quête d'une nouvelle compréhension de la Doctrine peut avoir ?

Ainsi, bien que Mitis Iudex et ses récents discours aux États-Unis aient rendu relativement clair que François avait des réformes radicales à l'esprit, ça semble possible qu'il n’obtiendra pas ce qu'il souhaite à travers les Évêques. Et, comme le Cardinal Kasper l’a déclaré l'année dernière, il a besoin des Évêques. Si le Saint-Père devait agir de manière à modifier la Doctrine sans le consentement explicite et actif de la majorité des Évêques, de terribles conséquences pourraient en résulter pour l'Église.

Nonobstant ce qui précède, François a un penchant bien connu pour insulter les Catholiques fidèles, ce que certains ont caractérisé comme étant des hyperboles innocentes tandis que d'autres ont vu les déclarations de François comme révélant une aversion profonde et plus active des Fidèles et de la Tradition elle-même.

En outre, dans Mitis il Iudex Il a démontré une volonté d'agir unilatéralement, sans les Évêques, mais tout en mentionnant avoir leur imprimatur. De cette façon, il a réussi à échapper aux limites à sa volonté qui auraient probablement été imposées par d'autres dans l'Église, comme les Évêques et les Avocats Canonistes. En effet, par un simple petit coup de balai concernant les plaintes au sujet du manque de consultation publique sur Mitis iudex et par son mérite douteux doctrinal, , François a simplement rejeté du revers de la main ces plaintes lors de son vol de retour des États-Unis à Rome. Ce faisant, François a nié que les changements qu'il avait effectués étaient doctrinaux et il a déclaré que les changements avaient effectivement été demandés par les Évêques au dernier Synode (2014). Cependant, il est peu probable que les Évêques aient demandé de tels changements sans qu’ils soient consultés.

Ainsi donc, le Synode est-il un simple non-événement ? Oui et Non. Il semble qu'il est, ou sera, un non-événement doctrinalement si les Évêques, et à travers eux les laïcs, sont écoutés. Il peut ne pas être un non-événement si le Synode est utilisé et manipulé de manière à donner l'impression que les Évêques ont demandé des changements à la Doctrine alors que, dans les faits, ils n’en ont pas demandés.

Ainsi, la question devient : jusqu’où François est prêt à aller afin de réaliser les changements apportés à la Doctrine qu'il désire apparemment et comment les Évêques peuvent anticiper et combattre de tels gestes ? De plus, jusqu’à quel point les Évêques résisteront et tolèreront toute perception de sourires enjôleurs, d’invitations rassembleuses, de mauvaises interprétations délibérées et de fausses représentations de leur volonté ainsi que de toutes modifications à la Doctrine ?

En substance, jusqu'où la stratégie du bord de l’abîme des Réformateurs mènera l'Église : au bord ou dedans ?

En attendant, comme le Pontife et les Évêques sont convoqués pour discuter ces questions pressantes, la Chrétienté est devenue la foi la plus persécutée dans le monde selon l'Aide à l'Église en Détresse. La civilisation occidentale est en ruine et il n'y a eu aucune expression significative et authentique du désir ou de toute pensée de se livrer à une action concertée pour résoudre ces problèmes. La philosophie tant vantée de François de « Voir, Juger, Agir » fonctionne apparemment seulement quand il en vient à la « Famille » et à l'environnement.

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