jeudi 30 juillet 2015

« Les masses de catholiques laïques sont superbes,

mais la hiérarchie est inactive ».
Michel Houellebecq

« L'islam est une religion,

seulement une autre religion peut le vaincre ».

Mémoire de Michel Houellebecq (Soumission, Flammarion, 2015 — revue tôt ici), un roman basé sur une éventuelle prise de contrôle du régime politique de France par un parti politique islamique avec des moyens démocratiques, a été l'un des grands succès de l'édition de 2015.

Dans le plus récent numéro de la vénérable Revue des Deux Mondes, dédiée à des « écrivains prophétiques » (qui sont des écrivains qui expriment vivement leurs craintes de leurs propres temps), Houellebecq, qui aurait sûrement devenu un converti catholique en des temps plus assurés. .., parle de l'Islam et de ce qui est nécessaire pour l'arrêter: à savoir une autre religion.

Extraits:

Revue des Deux Mondes — Mais depuis que ses ennemis ont déclaré à la Civilisation Occidentale, est — ce qu’une réaction est possible de notre part ? Dans l'Ouest, même en France? Ou êtes — vous pessimiste même sur ce point ?

Michel Houellebecq — Ce n’est pas clair [ce qui est nécessaire] pour que cette réaction soit efficace. Ce n’est pas une chose facile de lutter contre une secte religieuse. Les policiers, à l'heure actuelle, ne désamorcent pas un petit nombre d'attaques, mais une réponse purement policière à une secte religieuse n’est pas assurée de la gagner. En général, ce sont des religions qui battent d’autres religions.

(...)

Revue des Deux Mondes — Ne pensez — vous pas qu'il y a autant un problème musulman qu’il y a un problème catholique,au fond ? Il n'y a pas une religion en concurrence avec l’Islam qui est assez forte pour établir un équilibre de pouvoir ...

Michel Houellebecq — Pourtant, il y a également un problème musulman. Il y a des sujets sur lesquels Mohammed ne s’est pas exprimé tel que le comportement dans un pays laïc, par exemple ; il ne pouvait pas prévoir la création de nations laïques ... D'autre part, il s’est abondamment exprimé à plusieurs reprises et d'une manière très claire sur le comportement à avoir avec les chrétiens et les Juifs (...) En outre, en effet, il y a pas de concurrence pour l'islam: le Catholicisme est un peu à perte.

Revue des Deux Mondes – Vous en lamentez — vous de cela?

Michel Houellebecq — Oui, parce que les masses elles — mêmes sont très prometteuses. Il y a de superbes manifestations, mais la hiérarchie est inactive.

Revue des Deux Mondes — La Manif pour tous [contre le « mariage » de même sexe ] vous a surpris ?

Michel Houellebecq — Beaucoup. Je ne connaissais pas que tous ces jeunes catholiques que nous avons vus à la télévision existaient : les « Veilleurs » [ des « gardiens », des jeunes hommes et femmes catholiques qui priaient et veillaient sur les bâtiments du gouvernement en signe de protestation silencieuse], par exemple. C’était très surprenant.

Revue des Deux Mondes — Et comment les avez — vous vus ?

Michel Houellebecq — Ils sont gentils. Mais, vous savez, je suis trop vieux pour me convertir maintenant. Je me contente d’une certaine nostalgie.
(...)

Revue des Deux Mondes — Est — ce parce que l'Europe n’est pas religieuse que votre livre dépasse si bien les frontières ? Pensez — vous que si il existait une église catholique extrêmement puissante votre livre aurait eu un tel succès ?

Michel Houellebecq — Non, en effet. Nous avons du mal à imaginer clairement à quoi une Église catholique pourrait ressembler parce que c’est quelque chose qui est si lointain. Par exemple, je ne l'ai jamais vu en état de fonctionnement.

Revue des Deux Mondes — En Amérique du Sud ?

Michel Houellebecq — Non, en Amérique du Sud, les Évangéliques sont en train de gagner. En fait, je ne connais pas un véritable pays catholique. Je n'ai jamais visité un véritable pays catholique.




SOURCES :
(1) Entretien réalisé avec Valérie Toranian et Marin de Viry, Revue des Deux Mondes, Juillet — Août 2015

(2) Traduit de Rorate Caeli

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